Coopération

On peut en effet considérer que l’organisation des citoyen.ne.s pour prendre en main leur destinée trouve son origine quand les travailleurs des grandes entreprises, qui ne leur procurent aucune forme de protection sociale, décident de mutualiser des moyens leur permettant, grâce au principe de solidarité, de pallier les aléas de la vie (sociétés de secours mutuel, d’associations ouvrières de production ou de consommation), malgré l’interdiction décrétée par la loi Le Chapelier en 1791. La charte de la mutualité date de 1898, le droit d’association est reconnu en 1901.

Par la suite, toute une série de lois vont encadrer des activités fondées sur les principes suivants : libre adhésion, gouvernance démocratique, autonomie par rapport à l’État, a-capitalisme ou lucrativité limitée, formation et conscientisation des adhérent.e.s, inter-coopération et utilité collective. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil national de la Résistance, en créant le système social garanti par l’État, valide le principe de solidarité entre tous les citoyens. […]

À l’encontre des principes du système d’organisation capitaliste et patriarcal, il s’agit de rechercher la coopération et non la compétition des agents économiques, la distribution équitable des produits de l’activité contre l’accumulation au sein de fortunes privées, le droit de participation des travailleurs aux décisions qui les concernent contre le diktat des actionnaires,
légalité d’accès aux biens de première nécessité pour tou.te.s quand le capitalisme repose sur l’exploitation des personnes.

Plus récemment, la question écologique s’est invitée à son tour pour devenir un élément pivot, notamment dans les domaines de l’énergie, de la consommation responsable, des transports « doux ». Les alternatives concrètes représentent un contre-exemple au modèle fondé sur l’hyper-richesse des un.e.s et l’hyper-pauvreté des autres, cherchant à démontrer qu’il est possible d’organiser une société dans laquelle une vie décente est assurée à chacun.e, tout en préservant les ressources de la planète par un principe de sobriété des consommations et l’utilisation de méthodes garantissant la reproduction de la ressource.

Redonner du sens politique au quotidien

Attac a affirmé dans son dernier rapport d’orientation, à côté de la décision de dépasser le capitalisme et le patriarcat, sa volonté de s’engager dans des expériences de transition. Dans sa charte, le Forum Social Mondial se détermine comme un « processus permanent de recherche et d’élaboration d’alternatives ».
[…]
Par ces alternatives, les citoyen.ne.s se réapproprient les questions qui les concernent, interrogent leur façon de consommer, de produire, voire la place que consommation et production ont dans leur vie, et plus généralement leur mode de vie. Elles sont une manière de redonner du sens politique aux gestes quotidiens, d’avoir des pratiques où le pouvoir sur son existence n’est plus délégué mais partagé, de construire des expériences de démocratie directe, d’autogestion… et au final de reconquérir pratiquement ces « espaces perdus par la démocratie ».[…]

Extraits d’un article de Josette Combes et Hervé Roussel-Dessartre dans Lignes d’attac d’octobre 2017.

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