BDS et répression politique

Mais derrière cet aspect encourageant, la realpolitik hexagonale continue à soutenir les massacres de Tsahal. En une décennie, la France a vendu pour près de 208 millions de matériels militaires à Israël. Dans ces conditions, les « fleurons » de l’armement auraient tort de se gêner, à l’image de Thalès : en juillet dernier, le site d’investigation Disclose révélait que le géant du secteur fournissait des équipements high-tech aux drones tueurs d’Elbit System. Une information qui fait de l’entreprise une cible plus que légitime pour ceux qui sont décidés à mettre des bâtons dans les roues aux exactions du régime israélien. « On essaye d’obtenir que des bateaux chargés de matériel militaire soient bloqués dans les ports français, comme cela se fait dans d’autres pays, comme en Italie », explique Juliette Simon.

D’autres actions ont été menées contre des entreprises participant à l’armement d’Israël, à l’image d’Euro-links. Mais la répression est de mise pour ceux qui tentent de dénoncer le génocide en cours. Juliette raconte un épisode ubuesque lors du passage de la flamme olympique à Aix, où des militants souhaitant manifester leur soutien à la cause palestinienne ont été contrôlés à de multiples reprises et leur matériel (drapeau, tracts, etc.) confisqués. Les nombreux manifestants ayant écopé d’amendes de 135 euros un peu partout en France peuvent également témoigner de cette répression po1itique.

Juliette invite à appréhender la situation de manière plus globale ; « On a tendance à regarder notre petite cuisine en France, mais il se passe des choses partout, en Corée, en Afrique du Sud, en Angleterre, car l’image d’Israël se dégrade partout dans le monde. » En témoignent les multiples actions contre Elbit Systems, qui fournit 85 % des drones et la plupart des équipements militaires terrestres de l’armée israélienne. La multinationale a ainsi été récemment contrainte de fermer une usine en Angleterre suite à une lutte militante victorieuse, menée par Palestine Action. La compagnie s’est aussi vue soumise à des campagnes hostiles à Manchester, Boston, au Québec…

Un mouvement florissant bien que trop souvent noyé sous une couverture médiatique biaisée, liée à une diplomatie largement pro-israélienne. Une montagne infranchissable ? Rappelons que contre toute attente, David a fini par foutre la pâtée à Goliath…

Dernière partie d’un article d’Émilien Bernard dans le mensuel CQFD de septembre 2024.

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