Partage capital/travail

Dans la question du partage capital/travail, il y a une oubliée, c’est l’investissement, qui est aujourd’hui complètement écrasé par les dividendes. Regardez STMicroelectronics : en moins de quinze ans, entre 1999 et 2013, les dividendes ont été multipliés par douze ! Tandis que les investissements étaient divisés par trois !
Dans une entreprise où les États français et italiens sont, il me semble, actionnaires à hauteur de 30 %.
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Ainsi, en 1979, les entreprises dépensaient 0,5 € en dividendes pour tout euro d’investissement, tandis qu’elles dépensent aujourd’hui 2 € en dividendes pour tout euro d’investissement. Le ratio a quadruplé !
Et en plus, s’y ajoute un autre biais : la destruction de capital. On appelle ça le « rachat d’actions », ça fait plus propre, sinon les gens vont finir par hurler. L’entreprise utilise son argent pour racheter ses propres actions et les détruire ! Ceci, afin de faire monter les cours de bourse, d’augmenter les plus-values (qui, selon les pays, sont parfois moins taxées que les dividendes).
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On avait rendu un rapport, sur ce thème, à la CGT. Comme ça avait fait un peu de bruit, on nous avait reçus à Bercy. C’est une certaine Jeanne-Marie Prost qui nous avait accueillis. Moscovici, alors ministre de l’Économie, lui avait confié une mission sur « Le financement des entreprises industrielles ». Ça avait été très violent. Elle refusait presque de nous écouter.

Comme on pointait le rôle de l’euro dans la déflation salariale, elle nous a répliqué : « l’Euro, moi, j’y crois ! ». Et elle était dans la foi, toujours. Elle vantait le modèle allemand, même des mini-jobs. Surtout, sur l’envo1ée des dividendes, elle était dans la dénégation complète : « Ce ne sont pas les bons chiffres », elle contestait, et puis : « ]e vais demander à l’Insee… » C’est pour ça, quand sont sorties les nouvelles courbes de l’Insee, sans verser dans le complotisme, je me suis rappelé cette discussion. Enfin, pendant notre réunion, comme on mettait en cause les banques, madame Prost s’est insurgée, une régulation plus poussée, elle affirmait, ça aurait des effets néfastes, ça serait dangereux dans une économie ouverte : « Vous voulez que les banques aillent s’installer à Londres ? », elle demandait.

C’était étrange, comme comportement. Il s’agissait, en principe, de la « médiatrice nationale au crédit des entreprises », mais elle reprenait tous les arguments de la FBP, la Fédération bancaire française, le lobby des banques. Du coup, ça m’a donné envie de faire quelques recherches.
En un clic, j’ai découvert qu’elle était la femme le Jean Lemierre, aujourd’hui PDG de BNP-Paribas ! On a donc confié la « médiation » à une femme mariée à la haute finance !
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Quelque temps après, on a rencontré Benoît Hamon. On lui a demandé où en était notre rapport: « Il a été coudé », il nous a répondu, en faisant le geste, le coude plié. Ça signifie : « On ne le lit pas ». Ensuite, le CNIS, le Conseil national de l’information statistique, a formé une mission sur le « coût du capital ». Mais il suffit de voir qui composait le « groupe de travail »… (Président : Olivier Garnier, Société générale.
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Et il semble ainsi pleinement normal qu’un rapport public, d’une institution publique, soit confié au cadre dirigeant d’une banque. Une banque qui, en plus, s’était déjà illustrée dans la crise des subprimes, avec six milliards de déficit et l’affaire Kerviel. Une banque qui brillerait bientôt avec ses comptes au Panama. Le marqueur d’une finance qui règne à tous les étages… même dans les études supposées critiquer la finance !

Extraits des réponses de Thomas Dallery questionné par la rédaction du journal Fakir (édition de juillet-août-septembre 2016).

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