Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Trafic de crétinerie
13 novembre, Marseille. Le jeune Mehdi Kessaci est abattu sur un rond-point par deux hommes à moto. Son tort ? Être le Petit frère d’Amine Kessaci, militant écolo courageusement engagé contre les violences des narcos locaux. Un drame d’autant plus atroce que le grand frère de feu Mehdi et d’Amine, Brahim, avait été assassiné en 2020 pour des histoires de stup. Trop c’est trop, clament les habitants des quartiers ravagés par le trafic.
La tristesse et la rage. Plus que compréhensibles. De même que l’abattement des personnes engagées dans un tissu associatif moribond. Il a d’autant plus fallu serrer les dents pour encaisser les mines contrites et larmichettes de circonstance que le gratin politicien a exhibé lors de la marche blanche organisée en hommage à Mehdi, le 22 novembre. De la présidente macroniste de l’Assemb1ée nationale Yaël Fucking-Pivet à l’ancien garde des Sceaux Éric Truffion-Moretti, les rapaces étaient de sortie.
Quelques jours plus tard, les hyènes ont remballé leurs larmes pour sortir les matraques. Le 26 novembre dernier, Belsunce, quartier pauvre du centre-ville, a ainsi été placé sous occupation policière. Un coup de filet sécuritaire qui a permis la saisie d’une dizaine de doses d’herbe. Victoire!
C’est dans ce même quartier qu’un projet de halte soins addictions (trivialement appelée « salle de shoot ») a été torpillé par un préfet fini au pipi. On connaît le discours des sombres crétins de son acabit : un tel lieu serait un encouragement à la conso et un pourrissement annoncé du quartier. Tout l’inverse de ce que les expériences en la matière ont prouvé, de Paris à Strasbourg, de la Hollande à la Suisse.
C’est ainsi que ce narcotrafic si soluble dans le néolibéralisme prospère à l’ombre de la stupidité et de l’opportunisme politiques, avec son lot de drames et de violences. La dépénalisation ou la légalisation ? Jamais.
Des thunes pour désenclaver les quartiers ou soutenir les structures sociales qui y survivent ? Au compte-gouttes, et encore.
Cibler les paradis fiscaux et narco-États qui blanchissent les milliards de la drogue, sur fond de corruption généralisée ? Triple non, pas touche au grisbi.
Immense écrivain spécialiste des cartels mexicains et de l’imbécile guerre à la drogue ricaine, Don Winslow posait ainsi les choses dans La Griffe du chien : « Nos solutions sont toujours les mêmes futiles non-solutions : construire de nouvelles prisons, engager plus de policiers, dépenser de plus en plus de milliards de dollars à ne pas guérir les symptômes pendant que nous ignorons la maladie. » Répression bête et méchante. Et fermer les yeux sur les causes de la demande tout en attisant les inégalités, c’est nourrir les sordides mafias qui prospèrent sur les ruines d’une société empoisonnée.
Édito du mensuel CQFD de décembre 2025.