Destins scolaire et social

Ça se passe aux États-Unis, dans les années 1960. L’histoire est racontée par le sociologue Eric Maurin dans son livre Le ghetto français (Seuil, 2004) : « Au milieu des années 1960, un échantillon d’environ 130 enfants entre 4 et 5 ans issus de familles pauvres noires américaines est divisé en deux groupes de tailles à peu près identiques, un groupe expérimental (qui bénéficiera du projet) et un groupe de contrôle (qui n’en bénéficiera pas). Le groupe expérimental se voit proposer pendant deux ans un programme d’éveil et de préparation assez intense, avec deux heures et demie de classe par jour (quatre maîtres pour des classes d’environ vingt élèves) ainsi qu’une visite hebdomadaire dans la famille pour informer et former les parents.

Les comparaisons disponibles quant à leurs destins scolaire et social sont éloquentes. Devenus jeunes adultes dans les années 1990, très rares sont les enfants du groupe de contrôle à gagner plus de 2000 dollars par mois alors que c’est le cas de la majorité des bénéficiaires du soutien préscolaire. L’expérience démontre ainsi un impact de long terme considérable. Les moyens mis en œuvre par enfant dans le cadre de ce projet sont très importants (à peu près 15 000 dollars par an et par enfant), mais les évaluations aujourd’hui disponibles révèlent que les bénéfices sociaux (ne serait-ce qu’en termes d’aides sociales économisées et d’incarcérations évitées) sont près de huit fois plus importantes. »

Extrait d’un article dans le journal Fakir de septembre 2025.

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