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Nucléaire : la dépendance de la France
Depuis sa dernière édition, le WNISR (World Nuclear Industry Status Report, rapport indépendant sur l’état de l’industrie nucléaire.) témoigne d’un très léger rebond du nucléaire dans le monde en 2023 par rapport à 2022 avec un réacteur de plus en construction (pour un total de 59), un réacteur de plus en service (pour un total de 408) et une production en hausse de 2,2 % (2602 TWh en 2023 contre 2546). Mais replacer ces résultats dans le temps permet de mieux comprendre leur insignifiance.
Sur la période 2004-2023, le nombre de réacteurs mis en service est ainsi négatif : 102 mises en service (dont 49 en Chine) contre 104 fermetures. En imaginant que toutes les prolongations de durée de vie des réacteurs nucléaires soient effectives le résultat est éloquent : à échéance 2030, il faudrait avoir mis en service 65 réacteurs nucléaires ne serait-ce que pour maintenir le nombre de réacteurs en exploitation dans le monde.
Cela reviendrait à mettre en service près d’un réacteur par mois ! Un rythme et des échéances irréalistes au vu des délais actuels de construction qui éloignent toujours plus l’ambition démesurée des pays pro-nucléaires souhaitant tripler les capacités de production d’électricité nucléaire d’ici à 2050.De plus, si en 2023 la part du nucléaire dans la production brute d’électricité commerciale mondiale est équivalente à celle de 2022 (9,15 % VS 9,18 %) elle demeure bien loin des 17,5 % atteints en 1996. La « faute » en partie aux énergies renouvelables qui prennent de plus en plus de place dans le mix électrique mondial.
Au niveau mondial, la France, avec EDF, est le seul maître d’œuvre avec l’entreprise russe Rosatom à être en capacité de construire des réacteurs nucléaires. Rosatom a par ailleurs une place déterminante dans la chaîne de production du combustible nucléaire ce qui en fait un acteur difficilement contournable.
Alors que la Russie a écopé de nombreuses sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine, Rosatom n’a en rien pâti de la situation. La part de la Russie dans l’approvisionnement de l’Union Européenne (UE) en uranium naturel ou en services de conversion et d’enrichissement a au contraire augmenté entre 2021 et 2023. Les achats européens de combustible nucléaire à la Russie ont explosé en 2023, passant de 280 million d’euros en 2022 à 686 millions d’euros. La France et l’Ukraine figurent parmi les pays qui dépendent fortement des services de la Russie pour leur production d’électricité d’origine nucléaire. C’est une des raisons expliquant les exceptions dont a pu profiter la Russie.
Début d’un article dans la revue Sortir du nucléaire du printemps 2025.