Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Les nouveaux serfs de l’économie
Dans Techno-feudalism : What Killed Capifalism (retitré Les nouveaux serfs de l’économie en français), Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances grec, soulient que les GAFAM ont introduit un féodalisme 2.0.
Les plateformes numériques seraient des fiefs modernes, et nous, utilisateurs, des serfs. Les GAFAM ne génèrent plus de « profil », mais prélèvent des « loyers » sur nos interactions numériques : une rente, semblables à celle des seigneurs féodaux.Les nouvelles classes sont les vassaux (qui fabriquent les produits pour ces plateformes), les prolétaires du cloud (Travailleurs surveillés par des algorithmes) et les serfs : les utilisateurs, dont les activités enrichissent les entreprises sans contrepartie financière directe.
Il propose donc de créer une taxe spéciale sur les plateformes et des entreprises du numérique. Il appelle aussi à collectiviser les infrastructures numériques.« Techno-féodalisme » c’est aussi le titre d’un ouvrage de Cédric Durand, sous-titré : Critique de l’économie numérique. L’économiste français y démystifiait, quatre ans avant Varoufakis, la rock-star de l’éco, l’idée que la Silicon Valley soit le cœur d’un néo-féodalisme : concentration des pouvoirs, captation de données, influence sur les États. Pour Durand, ces entreprises transforment le numérique en outil de domination.
Leurs ouvrages « redécouvrent » une idée que Jacques Ellul développait déjà… dans les années 195O ! Ce n’est pas le capitalisme qui forge la technique, mais la technique qui fait le capitalisme à sa main. L’ennemi n’est pas le capitalisme, mais l’empire de la technique, disions-nous pour résumer la pensée d’Ellul. Car, « ce qui gouverne aujourd’hui notre société, ce n’est plus tant le capital ni le capitalisme, mais le phénomène de la croissance
technicienne » (La Technique ou l’enjeu du siècle, 1954).
J’irai même plus loin en disant que Paul Valéry, dans son opuscule La Machine Gouverne publié il y a tout juste un siècle, en 1925 affirmait déjà que « Ces machines ne laissent point de mortel qu’elles ne l’absorbent dans leur structure (…). Chacun de nous est une pièce de quelqu’un de ces systèmes (…) et il abandonne à chacun d’eux une part de la propriété de soi. »
Bref, l’esclavagisme perdure. Sous des formes Toujours renouvelées. Welcome fo The Matrix Neo.
Édito du Low tech journal de novembre 2024.