Pourquoi vous devriez vous informer autrement ? La réponse dans cette vidéo.
Une autre agriculture
Blocages routiers, manifestations, début 2024, le monde agricole criait sa colère, mais qu’a-t-on retenu de ces mois de mobilisations ? Certains du haut de leur tracteur de 200 CV ont tenté de nous faire croire que
les « normes environnementales » étaient la cause du mal, pour cacher les profondes inégalités qui règnent dans le monde agricole. Force est de constater qu’ils ont gagné la bataille médiatique. Mais 10 mois plus tard, les agriculteurs et les agricultrices ne vivent pas mieux de leur métier. Pire, en repoussant encore une fois la suppression de la détaxation du fioul, les pouvoirs publics ont encouragé la fuite en avant d’une agriculture qui ne fait que renforcer l’impact du réchauffement climatique comme cette année sur la production du blé. En refusant un socle de bonnes pratiques agricoles, l’État s’est privé d’encourager les services de la biodiversité et l’agriculture voit encore ses rendements baisser par manque de pollinisation.En marge de cette crise, l’avenir de notre agriculture aurait pourtant pu s’écrire à travers la nouvelle Loi d’Orientation Agricole. Dès octobre 2023, Terre de Liens a activement participé à sa construction. Mais 12 mois plus tard, la grande ambition de maintenir et, mieux, d’accroître le nombre de paysan-nes a été abandonnée au profit d’une marche forcée vers le productivisme et le libéralisme. Terre de Liens s’est battu pour sauver « des miettes », comme la reconnaissance de la pluralité de l’accompagnement à l’installation, et a évité le pire : une financiarisation accrue de l’agriculture par la création de GFA-investisseurs, proposée dans le projet de loi. Des miettes, aussitôt enterrées par la brutale dissolution de l’Assemblée Nationale.
Dans ces temps politiques incertains, Terre de Liens poursuit sans relâche son combat. Et continue à s’enraciner dans les campagnes, et à tisser des liens toujours plus ténus avec les acteurs locaux qui ne veulent pas baisser les bras. Notre fil conducteur : repenser notre système alimentaire et reconnecter agriculteurs-trices et consommateurs-trices, produire pour nourrir localement plutôt que conquérir les marchés mondiaux, faire avec la nature et non contre elle.
Notre ambition de rendre le métier attractif et d’installer 20 000 paysan-nes chaque année, ne fléchira pas. Les chemins sont nombreux pour relever ce défi, depuis la mise à disposition de terres grâce à l’épargne citoyenne, au travail des bénévoles et salariés pour accompagner les cédant-es et les porteur-ses de projets, à la récupération de friches, à la promotion de l’agriculture biologique et des pratiques agroécologiques, au renforcement des circuits courts ou à la refonte de la politique agricole pour lesquels nous continuerons de nous mobiliser. Toujours suivre notre boussole vers un changement radical de notre modèle agricole !
Article dans le numéro d’automne 2024 de Chemins de terre
la revue de l’association Terre de liens.